« Qu’il s’agisse d’un mariage, d’un baptême ou d’une autre manifestation profane, le déroulement d’un jeu de tambour reste à peu près identique. Les percussionnistes sont positionnés à côté des griottes et des autres femmes de caste (il arrive parfois que des danseurs professionnels ou qu’une chanteuse n’appartenant pas à la caste des nyamakalaw animent une fête). Les autres invitées - parentes, amies, voisines - sont assises tout autour de la piste de danse, formant ainsi un rectangle ou un cercle. Les batteurs sont au service du chant et de la danse ; ils engagent le rythme correspondant à la chanson exécutée, pendant laquelle les femmes restent assises ou évoluent tranquillement en cercle sur la piste. Puis une des invitées vient danser devant les batteurs, la musique gagne en vitesse et en volume sonore et le chant peut s’arrêter. Soutenues et accompagnées par les batteurs qui marquent chacun de leur pas, les femmes viennent s’exprimer une par une ou deux par deux devant les percussionnistes puis retournent s’asseoir, cédant leur place à une autre danseuse et ainsi de suite. Le rythme est stoppé lorsque l’assistance semble en être rassasiée ou sur demande de la chanteuse / griotte qui engage une nouvelle chanson ou de nouvelles louanges chantées ou déclamées (djeli foli).
A Bamako, une cérémonie de mariage se déroule en plusieurs étapes distinctes : après le partage des noix de kola (worokla) et le mariage religieux (slamè fourousiri) vient le jour du mariage civil pour lequel on peut organiser un jeu de tambour (kognon) ou autre instrument traditionnel, une animation d’orchestre (soumou) ou une réception sans musique.
Le jeu de tambour s’étale généralement sur plusieurs jours ; l’avant-veille du jour fatidique a lieu le demba foli (ou demba tlonkè ; danse des « marraines ») qui dure deux ou trois heures et qui se déroule l’après midi (entre 16h et le crépuscule) ou le soir (entre 20h30 et 23h). Ce jour là, les « marraines » (famille des futurs mariés) dansent et expriment leur joie sur des rythmes profanes (il n’y a en général pas de griotte). Le jour du mariage administratif qui a lieu un jeudi ou un dimanche, deux équipes de djembéfolaw se rendent respectivement devant la concession familiale de la mariée et du marié (il est possible que l’une des deux familles se passe d’animation musicale pour des raisons de budget ou de conviction religieuse). Lorsque le cortège revient de la mairie vers 11h, le jeu commence et continuera jusqu’au crépuscule, seulement interrompu par le zaamè servi vers 14h (riz au gras). » (Source : Mémoires de djembéfola, Essai sur le tambour djembé au Mali, Julien Comtet, L’Harmattan, 2012)
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